Historique

En l’an 1818, le Prince Guillaume de Prusse, futur empereur Guillaume 1er, se rendit à Sarrebrück accompagné d’une petite escorte. Les bourgeois et les jeunes étudiants organisèrent en son honneur une retraite aux flambeaux. Le soir, les représentants des hautes administrations locales furent conviés à la sérénade et au dîner. Lors du repas, le Prince s’entretint avec les hôtes de la direction des Mines, les conseillers des mines Böcking et Sello. Il porta un grand intérêt aux mines, en particulier à l’exploitation houillère dans des galeries souterraines et exprima le vœu de voir de ses propres yeux une mine de charbon en exploitation.

On convint que le Prince ferait un détour par la Mine de Geislautern, en ce temps-là la plus grande et la mieux équipée du Territoire du bassin de la Sarre. Un messager à cheval fut aussitôt envoyé pour en avertir l’administrateur de la mine. Le directeur fut chargé de prendre toutes les dispositions nécessaires pour recevoir dignement le Prince. Pris au dépourvu, cette responsabilité le plongea dans un grand désarroi. Il fit venir ses chefs porions,  ingénieurs, et autres fonctionnaires à sa disposition pour s’entretenir de la meilleure façon d'accueillir avec l'honneur requis le Prince.

Outre un feu d’artifice et une retraite aux flambeaux de mineurs en costumes traditionnels, on se devait également de recevoir le Prince en musique. Mais où pouvait-on trouver une formation musicale pour un tel accueil ? Le commandant du régiment d’infanterie de Sarrelouis refusa d’y envoyer sa fanfare, car il en avait lui-même besoin pour la visite du Prince prévue dans sa ville. Ainsi il fut décidé de créer pour l’occasion une petite formation, puisque plusieurs mineurs étaient habitués à jouer de la musique lors des kermesses et foires. On promit la belle somme de deux sous à chaque musicien. Et en effet, un petit orchestre de 9 musiciens issus de Gersweiler, Dudweiler, Bauernwald, Geislautern et St.Ingbert fut formé pour l’occasion.

Cette formation musicale ne se réunit que peu de temps avant l’arrivée du Prince à Geislautern, mais eut le temps nécessaire pour une répétition, à laquelle les fonctionnaires des mines de Geislautern assistèrent en secouant la tête, fort inquiets. En effet les instruments n’étaient pas accordés, chaque trompette avait un son différent et les musiciens, habitués au répertoire de foire, n’étaient pas accoutumés à jouer ensemble.

Lorsque le Prince et son escorte arrivèrent, la fanfare retentit. Les premières mesures furent convenables puis l’on joua « Heil dir im Siegerkranz », l’hymne populaire de Prusse. Ces messieurs venus de Sarrebrück en eurent les cheveux dressés sur la tête. Le conseiller des Mines Sello se confondit en excuses auprès de son altesse royale.

Le Prince remercia toutefois avec beaucoup de bienveillance et trouva la musique ravissante.

C’est ainsi qu’Eduard Haas décrivit les événements dans un article consacré aux musiques des mines de Sarre, publié dans le quotidien local, le Saarbrücker Zeitung, le 21 avril 1927. 

Lorsque le Prince fut de retour dans son palais, il émit auprès de l’inspecteur général des mines le vœu qu’à Sarrebrück, à l’image des mines de Saxe, soit créé un orchestre officiel destiné à promouvoir les traditions des Mines. C’est ainsi que fut créé en 1820 l’orchestre des houillères de Sarrebrück, la première Bergkapelle officielle de Sarre.

Après des débuts difficiles, il devint courant que chaque mine de Sarre possédât son propre orchestre.  On compta jusqu’à 15 Bergkapellen ainsi qu’un orchestre symphonique commun. Mais bon nombre de Bergkapellen se produisaient aussi bien en formation symphonique qu’en orchestre d’harmonie.

A une époque, l'importance des Bergkapellen fut telle, qu’une grande partie de ses rangs étaient occupés par des musiciens professionnels, qui, à la mine, avaient la charge de travaux peu éprouvants, mais dont la fonction principale était d’assurer les services musicaux.

Cependant, à la fin des années 50, de plus en plus de Bergkapellen durent cesser leurs activités suite à la fermeture de sites miniers et au fil des mesures de restructuration. Finalement, la direction des Mines de Sarre décida de réorganiser ses différentes formations musicales en Sarre.

C’est ainsi qu’en 1969 naquirent de la fusion des Bergkapellen existantes deux orchestres : la Bergkapelle West (Bergkapelle Ouest) et la Bergkapelle Mitte (Berkapelle Centre). En 1994, ces deux orchestres furent à leur tour réunis pour former la « Bergkapelle der Saarbergwerke AG », orchestre des Houillères de Sarre.

Lorsque l’exploitation des mines en Sarre, dans la Ruhr et à Ibbenbühren, fut placée sous la direction de la Société des  Houillères Allemandes  DSK (Deutsche Steinkohle AG), la Bergkapelle prit tout d’abord le nom de « Bergkapelle der DSK-Saar » puis ensuite celui de « Bergkapelle der RAG an der Saar ».

Depuis la fin définitive de l’exploitation minière en Sarre, l’orchestre de la Bergkapelle est le témoin et le symbole vivant du long et intense passé industriel de la Sarre.

Pour être digne de cette mission et lui assurer sa pérennité, la gestion de la Bergkapelle a été confiée à une nouvelle association créée en 2016 : Bergmusik an der Saar e.V. . Depuis l’orchestre porte le nom de BERGKAPELLE  SAAR.

L´orchestre se produit lors de concerts, il contribue aux manifestations traditionnelles des mineurs,  participe à des productions télévisées ou radiodiffusées, des enregistrements de CD.

En outre, la Bergkapelle se présente également régulièrement à des classements et concours. Ainsi à l'occasion du concours du Land de Sarre, l’orchestre a obtenu à plusieurs reprises le premier prix dans la catégorie Orchestre d’Harmonie et, lors du concours national d’orchestres allemand, la Bergkapelle s’est hissée au rang des meilleurs orchestres d’harmonie amateurs d’Allemagne.

Toujours en 2016, la Bergkapelle a trouvé une nouvelle patrie : grâce au soutien de la Fondation des Houillères Allemandes (Deutsche Steinkohlestiftung) et du gouvernement de Sarre, une salle de répétition professionnelle a pu être aménagée pour l’orchestre dans l’ancien bâtiment de direction de la mine de Reden. Parallèlement le siège social de la Bergkapelle ainsi que de l’association Bergmusik an der Saar e.V. se sont également établis à Reden.